Un toit pour Noël
EAN13
9782280215428
ISBN
978-2-280-21542-8
Éditeur
Harlequin
Date de publication
Collection
Création pour reprise (2295)
Poids
116 g
Langue
français
Langue d'origine
anglais
Fiches UNIMARC
S'identifier

Un toit pour Noël

De

Harlequin

Création pour reprise

Indisponible
1.

Vingt litres de chocolat chaud et autant de vin à la cannelle.

Sans compter les quatre cents cookies, dont la préparation avait réclamé deux longues soirées à Emma.

Et il ne viendrait personne !

La tempête qui battait les vitres de l'auberge de l'Etang Blanc, qu'Emma venait de rebaptiser provisoirement « auberge du Noël Blanc », était comparée sur toutes les ondes à celle de 1998. Cette année-là, elle avait sévi plusieurs semaines, non seulement sur la zone côtière atlantique du Canada, mais aussi au Québec, en Ontario, à New York et dans toute la Nouvelle-Angleterre.

Ce Noël allait être un désastre.

— Comme d'habitude, déclara Emma pour elle-même, sa voix résonnant en écho dans la pièce déserte.

Elle jeta un coup d'œil autour d'elle, mais rien ne parvint à lui redonner le moral : ni le feu qui crépitait gaiement dans la cheminée, ni les ravissantes décorations de la grande salle. Ni même son reflet dans le miroir, avec le bonnet de laine du Père Noël coquettement incliné sur l'oreille gauche et le joli pull de laine rouge orné de flocons en laine angora blanche.

Et soudain, le fait d'avoir formulé à haute voix sa conviction que ce Noël serait gâché, exactement comme tous les autres, convoqua dans la salle le fantôme d'une petite fille, une ombre du passé, qui se mit à la contempler en silence.

Cette fillette aux longs cheveux blonds emmêlés qui lui retombaient sur les épaules baissa les yeux sur un paquet posé sur une table invisible. A l'intérieur, sur un simple papier journal, gisait une poupée au visage maculé de traits tracés au stylo-bille, aux cheveux clairsemés, aux mains et aux pieds rongés par les dents d'un petit enfant, sans doute. Rien à voir avec Clara, la magnifique poupée qu'elle avait admirée dans un catalogue et commandée au Père Noël.

Il s'agissait probablement d'un vieux jouet offert par l'une des dames chez qui sa mère faisait le ménage.

— Ça suffit ! s'intima Emma.

Cependant, le fantôme de la petite fille semblait tenir à ce qu'elle se rappelle qu'elle avait dû feindre d'être heureuse pour ne pas décevoir sa mère.

Cette dernière, Lynelle, avait finalement accepté de venir pour Noël. Emma brûlait d'impatience de lui montrer la vieille maison dans laquelle elle avait grandi, mais où elle n'avait plus remis les pieds depuis l'âge de seize ans. Pas même quand grand-mère était morte.

Emma s'efforça de ne pas penser au manque d'enthousiasme de sa mère à la perspective de passer Noël à l'Etang Blanc, audible au bout du fil. Elle avait bien précisé qu'elle ne viendrait que pour le soir de Noël et repartirait dès le lendemain, manquant ainsi délibérément les dix jours de fête qui précéderaient le grand soir. Au moins, Lynelle serait là pour l'apogée de ces événements, ce qu'Emma appelait le « Grand Jour de Noël ».

La radio brisa le silence pour confirmer ses sombres prédictions sur l'aggravation du mauvais temps.

« Chers auditeurs, notez bien que l'autoroute vient d'être coupée depuis Harvey jusqu'à la frontière des Etats-Unis. »

Bondissant sur ses pieds, la jeune femme tourna le bouton d'un geste sec et elle chassa, dans le même temps, l'image de la petite fille et ses souvenirs.

D'accord, les visiteurs ne monteraient pas jusqu'ici ce soir-là. Et c'était sans doute aussi bien ainsi. Tim Fernshaw, son vieux voisin, avait déjà appelé pour lui dire qu'il ne pourrait pas sortir les chevaux par un temps pareil, ce qui annulait les promenades en traîneau. Et la ligne avait été coupée avant même qu'il ait eu le temps de lui dire au revoir.

Juste avant la fin du jour, Emma avait regardé du côté de l'étang par la fenêtre de la cuisine. La neige tombait si dru que celui-ci en serait recouvert avant qu'elle ait eu le temps de le déneiger.

Donc, pas de patinage non plus !

Les dix jours de festivités risquaient bien de ne pas avoir lieu du tout. Du moins, ce ne serait pas ce soir-là que seraient inaugurées ces dix journées de patinage, de promenades en traîneau et de descentes en luge depuis le haut de la colline surmontant la maison.

Et avec eux disparaissaient aussi les droits d'entrée, la vente des hot dogs, des crêpes, du vin chaud, du punch et des objets d'artisanat local. Tout ce qui aurait permis à la jeune femme de faire partir son affaire d'un bon pied.

Et de financer son Noël de rêve.

— Un tout petit miracle ! Est-ce que ce serait trop demander ? s'enquit Emma à haute voix, en levant vers le ciel un regard irrité.

Ce Noël de rêve d'Emma consistait à offrir un vrai Noël à tous ceux qui n'avaient pas les moyens de le fêter. Elle souhaitait faire en sorte que, pour une fois, ils ne soient pas déçus.

Et qu'elle aussi, au travers du bonheur de tous ces pauvres gens, ait son petit miracle.

L'an dernier, à la même période, elle avait bien cru que toutes ses misères étaient derrière elle. Elle était adulte à présent et elle avait attendu, le regard confiant, le plus beau des Noëls. Son fiancé, le Dr Peter Henderson, l'avait invitée à passer les fêtes dans sa famille. Ce souvenir avait encore dans la bouche de la jeune femme un terrible goût d'amertume. Jamais elle n'aurait cru possible que ce Noël-là, à lui seul, fût plus cruel que tous les autres réunis.
S'identifier pour envoyer des commentaires.

Autres contributions de...

Plus d'informations sur Cara Colter