La tour noire

Louis Bayard

Le Cherche Midi

  • 15 février 2011

    Attention, coup de coeur

    L’histoire que nous conte l’auteur m’a captivée, alors même que la période de l’après-révolution – pour une raison qui m’est d’ailleurs inconnue – ne m’intéresse pas plus que cela. Mais voilà, le récit est, de mon point de vue, original, il contient beaucoup de rebondissements qui sont amenés d’une façon plaisante, on ne s’y attend pas vraiment. Vous l’aurez deviné, il y a en conséquence pas mal d’action ainsi que du suspens et j’ai trouvé l’intrigue recherchée. Par contre, la fin ne plaira pas à tout le monde. Elle reste volontairement confuse, c’est au lecteur de faire le choix : que deviennent les personnages ? Quelle est la vérité ? Le doute persiste implicitement. Pour ma part cela ne m’a pas gênée, ni frustrée, j’ai même souri en lisant les dernières lignes.
    Pour les âmes sensibles, je pense pouvoir vous le recommander, il n’y a que quelques scènes détaillées, utiles à l’avancement de l’intrigue. Je suis moi-même très exigeante sur ce point là, et je trouve que cela reste très pudique, on ne s’attarde pas sur ces moments « déplaisants ».


    Les personnages font également la force du récit. Ils sont profonds, attachants, attendrissants et humains (sauf les méchants, bien entendu ! :P). J’ai par-dessus tout aimé le petit protégé d’Hector, qui est très attendrissant par son côté enfantin et innocent. De plus, avoir choisi d’introduire le grand Vidocq, personnage ayant réellement existé, est un très bon choix. Il donne un petit quelques chose de plus au roman ce qui est très appréciable ! Pour tout vous dire, je me suis tellement attachée à certains personnages que j’avais souvent les larmes aux yeux ou un pincement au cœur tant j’étais transportée dans l’histoire, à leurs côtés, témoin impuissant de leurs malheurs.

    Il n’y a donc que le style qui peine un peu. Enfin, non, ce n’est pas exactement cela. Il change de ce qu’on peut lire d’habitude, c’est pourquoi cela peut se révéler perturbant au début. Mais je vous rassure tout de suite, je m’y suis très vite fait. De plus, l’auteur coupe son récit par moment en intercalant ce qui semble être des notes prises par une personne concernant un prisonnier (on comprend très vite de quel prisonnier il s’agit d’ailleurs), et c’est très astucieux, car cela nous permet de comprendre petit à petit ce qui s’est réellement passé dans cette prison et le lien avec le « présent ».

    Dernier point, n’ayez pas peur de vous lancer parce que vous ne connaissez rien à cette période, vous trouverez un rappel très instructif au début du roman : une petite chronologie des événements importants et un arbre généalogique de la famille des Bourbons. Pratique pour s’y retrouver !

    En conclusion, c’est un livre parfait pour une lectrice comme moi. On suit cette quête de vérité en retenant notre souffle, avide de savoir ce qui s’est réellement passé, tout en n’ayant peur de ce que l’on pourrait découvrir. Les personnages choisis et créés par l’auteur sont très attachants. Je vous le recommande vraiment, car pour moi cela a été un vrai coup de cœur.


  • Conseillé par
    30 juillet 2010

    Un thriller historique réjouissant !

    Véritablement Réjouissant !
    Voilà l'une des premières remarques que je ferai sur ce thriller historique.

    Les dialogues sont d'une très grande qualité et sont complètement imprégnés de l'époque. Le vocabulaire y est très recherché. C'est un journaliste (Louis Bayard) qui s'est livré à ce bel ouvrage et il y a mis tout son talent appuyé par des vérités historiques.

    On suit pas à pas les déambulations « est accroché aux basques » de Vidocq , et du Dr Carpentier ; on sent leur odeur on entend résonner leur voix, on est parfois couvert de « crasses » selon les costumes que choisit de porter le célèbre chef de la sûreté ; on est envahi par les relents des soubassements de la ville du début du XIX avant que le Baron Haussman ne s'attaque aux égouts de Paris.

    Mais quelle est donc cette Tour noire évoquée par le titre du livre ? On n'entrevoit le début du mystère qu'à partir de la centième page , enfin on le suppose ;-)) on y croit ….. vite vite la suite ...

    J'ai adoré ce thriller aux cotés d'un policier si réputé ainsi que l'ambiance générale du roman mêlée d'un sens avisé de l'humour, ….noir bien entendu ;/-) : « Le Seigneur ne manque pas d'humour à cet égard. Plus ses serviteurs réclament sa présence, plus longtemps il les cloue ici-bas. Non ce sont les blasphémateurs qu'il tient à fustiger. Prenez Robespierre. Aux pires heures de la Terreur, il décida que le concept de Dieu faisait bien trop Ancien Régime. Elu au Comité de salut public, il déclara qu'on se référerait désormais au Seigneur sous l'appellation d'être suprême. (…) Quand , quelques mois plus tard, la moitié de la mâchoire arrachée par une balle (par ses soins?), il gémissait en montant sur l'échafaud, préparait-il des excuses ? Nous ne le saurons jamais. En tout cas, lui n'eut pas le temps de composer des mémoires. »

    L'écriture y est très soignée, les titres des chapitres recherchés et souvent ironiques, les dialogues fournis et savoureux vous accrochent.
    Lorsque parfois vous serez dans l'obligation de poser ce roman, pour le retrouver seulement plus tard , cela sera probablement avec grand regret ;et vous trépignerez d'impatience car vous n'aurez qu'une seule envie , celle de vous replonger au plus vite dans cette aventure ….noire.

    « En définitive on ne peut oublier . L'Histoire somnole mais se réveille toujours. »

    Je vais suivre de près cet auteur que je découvrais avec Cette « Tour noire »